Voyager pour s’affranchir des codes et affirmer sa voix
Article publié dans La Broye Hebdo du jeudi 19 septembre 2024
Sujet
L’illustratrice Sonya Trolliet, qui a grandi à Ropraz, a remporté, en juin dernier, la première édition du Prix suisse Sept du roman graphique. L’occasion était belle pour faire une fois le portrait d’une jeune artiste peu connue.
Objectif
Rédiger un portrait de 3500 signes qui sera la “der” (la dernière page) de l’édition. Accompagner l’article d’une photo qui met en valeur la personne interviewée.
Contenu
La rencontre avec Sonya Trolliet a duré deux heures. Au début, l’illustratrice a parlé de son parcours de façon mesurée. Mais plus l’entretien avançait, plus l’artiste se livrait avec plaisir et racontait des anecdotes. Elle mêlait ses expériences professionnelles et artistiques à ses choix de vie. Le parcours de Sonya Trolliet sort des sentiers battus. L’artiste prend le temps d’explorer le monde, se cherche à travers la création artistique et affirme peu à peu sa voix.
Pour parvenir à un tel échange avec la personne interviewée et tisser un lien de confiance, le journaliste doit être à l’écoute de l’autre, s’effacer, faire preuve d’empathie, laisser des temps de respiration propices aux souvenirs, rebondir sur des détails intéressants et creuser certaines questions. L’humour aide aussi à rendre l’exercice du portrait plus léger.
Feedback
La difficulté rencontrée dans le portrait de Sonya Trolliet a été de structurer les nombreuses informations collectées et de trouver un fil rouge qui traverse l’article. Dès l’enfance, l’artiste s’est sentie différente des autres sans oser vraiment l’affirmer. C’est ce leitmotiv qui a guidé mon écriture jusqu’à finir avec le personnage d’Anne Bonny lui correspondant bien.
Pour moi, il est aussi important, dans un portrait, d’entendre la voix de la personne interviewée et la façon dont elle s’exprime. Je pense que la nature profonde de la personne transparaît mieux à travers ses citations qu’à travers les mots choisis par le journaliste. C’est pourquoi je glisse toujours quelques citations dans mon texte.
Une fois que le portrait est écrit, je le fais toujours relire à la personne interviewée. Cela fait partie du contrat de confiance construit avec elle. Il y a quelque chose de très intime dans le portrait. De nos jours, je trouve normal qu’une personne qui se dévoile ait le droit de contrôler son image médiatique.
Anecdote
La rédaction d’un portrait est souvent un miroir pour le journaliste qui réfléchit ensuite à son propre parcours de vie. Il est vrai que le portrait de Sonya Trolliet a fait résonner certains souvenirs. J’admire son audace, sa façon de se positionner dans le monde actuel et de l’assumer.